PF – Les figures de styles

Figures de Style dans la Bible avec Exemples et Explications

La Bible utilise une variété de figures de style pour enrichir et vivifier son message. Voici une liste détaillée des principales figures de style trouvées dans les Écritures, accompagnée d’exemples et d’explications :

1. Métaphore

Définition : Une comparaison implicite entre deux choses sans utiliser « comme » ou « tel ».

« Je suis le pain de vie » (Jean 6:35). Jésus se compare à un pain pour signifier qu’il est essentiel à la vie spirituelle de l’homme.

La métaphore omet les mots de liaison (comme et autres) en disant : « L’Eternel est mon berger » (Ps. 23.1), « Leur gosier est un sépulcre ouvert » (Ps. 5.10), « Les hommes dont les dents sont des lances et des flèches, dont les langues sont des glaives aiguisés » (Ps. 57.5), « Ta parole est une lampe à mes pieds » (Ps. 119.105). Prises littéralement, ces phrases sont des non-sens.

La métaphore demande un transfert de sens d’une réalité à une autre (de méta trans, pherein: porter). « Quand le psalmiste parle de quelqu’un « Qui demeure à l’abri du Très-Haut » (Ps. 91.1), la première tâche du lecteur est d’évoquer l’expérience de celui qui demeure dans un foyer. Ces associations domestiques de sécurité, prévoyance, protection, amour, etc… doivent ensuite être transférées du contexte humain et familial au domaine de la foi en Dieu » (Ryken, 84, p. 92).

Les métaphores n’ont pas toujours la même signification à travers toute la Bible. L’eau est tantôt source de vie (Es. 55.1), tantôt symbole de purification (Mt. 27.24), de puissance (Am. 5.24), de faiblesse (Jos. 7.5) ou de jugement (1 Pi. 3.20). Le désert est souvent associé à désolation, jugement, puissances démoniaques et tout ce qui se dresse contre l’autorité de Dieu (Es. 13.20-22; 34.13-15; Lc. 11.24; Lv. 16.7ss.). Mais il ne peut aussi symboliser l’innocence, la sincérité, la liberté et la sécurité sous la provision de Dieu, à cause de son association avec l’exode (Ex. 5.1; Jr.

2.1-2) .

2. Similitude

Définition

La similitude est une figure de style qui consiste à comparer deux éléments distincts en mettant en évidence un ou plusieurs points communs, généralement à l’aide d’un mot de comparaison tel que « comme », « tel », « semblable à », « pareil à », etc. Elle est utilisée pour clarifier ou accentuer une idée en associant une réalité à une autre plus familière ou plus imagée.

Exemples Bibliques

  1. Psaume 1:3 :

« Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, qui donne son fruit en sa saison, et dont le feuillage ne se flétrit point : tout ce qu’il fait lui réussit. »

  1. Explication : Ici, le juste est comparé à un arbre planté près d’un courant d’eau, symbolisant sa prospérité et sa stabilité. L’image de l’arbre bien nourri et fructueux aide à comprendre la bénédiction et la croissance spirituelle du juste.
  2. Ésaïe 55:10-11 :

« Comme la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retournent pas sans avoir arrosé et fécondé la terre, sans avoir fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche : elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins. »

  1. Explication : Dieu compare l’efficacité de Sa parole à celle de la pluie et de la neige qui arrosent la terre. De même que l’eau nourrit la terre pour produire des fruits, la parole de Dieu accomplit toujours sa mission et porte ses fruits dans la vie des croyants.
  2. Matthieu 13:44 :

« Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a trouvé le cache ; et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a, et achète ce champ. »

  1. Explication : Jésus utilise la similitude pour enseigner sur la valeur inestimable du Royaume des cieux. Le trésor caché dans le champ représente la richesse spirituelle et la vérité divine que l’on découvre en Christ. Comme l’homme vend tout pour acquérir le champ, les croyants doivent être prêts à sacrifier tout pour suivre Christ.

Fonction et Impact

La similitude aide à :

  1. Clarifier des concepts abstraits : En comparant des éléments spirituels ou théologiques à des réalités concrètes, elle rend les idées plus accessibles et compréhensibles.
  2. Créer des images mémorables : Les comparaisons frappantes restent dans l’esprit et facilitent la mémorisation des enseignements bibliques.
  3. Exprimer des émotions ou des attitudes : Les similitudes peuvent transmettre des émotions ou des attitudes, comme la paix, la joie, ou la crainte, en les associant à des expériences humaines familières.

Importance dans l’Interprétation Biblique

L’interprétation correcte des similitudes est cruciale pour une compréhension juste des Écritures. Une analyse attentive des éléments comparés, du contexte, et du but de l’auteur biblique est nécessaire pour saisir la profondeur du message. Les similitudes peuvent aussi révéler des aspects culturels ou historiques importants qui enrichissent l’interprétation.

En conclusion, la similitude est une figure de style puissante dans la Bible, utilisée pour enseigner, persuader, et émouvoir. Elle joue un rôle essentiel dans la communication des vérités spirituelles et doit être interprétée avec soin pour saisir pleinement le message divin.

3. Allégorie

Définition

L’allégorie est une figure de style où des idées abstraites ou des principes sont représentés par des personnages, des figures ou des événements narratifs. Elle permet de communiquer des significations profondes et souvent morales à travers des récits qui peuvent sembler simples en surface.

Caractéristiques de l’Allégorie

  1. Double niveau de signification : L’allégorie fonctionne sur deux niveaux. Il y a le niveau littéral de l’histoire ou du texte, et il y a le niveau symbolique qui transmet le message ou la leçon morale.
  2. Utilisation de symboles : Les personnages, les objets, et les événements représentent autre chose que ce qu’ils sont littéralement. Par exemple, un lion peut symboliser la force ou le courage.
  3. Narration continue : Contrairement à la métaphore, qui peut être ponctuelle, l’allégorie s’étend sur tout le récit ou une partie significative de celui-ci.
  4. Leçon morale ou spirituelle : L’allégorie a souvent pour but de transmettre une leçon morale, spirituelle ou philosophique.

Exemples Bibliques

  1. Le Psaume 23 : Ce psaume utilise l’image du berger pour représenter Dieu et son soin pour son peuple. Le texte utilise des termes pastoraux pour décrire une relation protectrice et nourricière, ce qui est une forme d’allégorie.
    • Texte : « L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. » (Psaume 23:1)
    • Interprétation : Dieu est comparé à un berger qui prend soin de ses brebis, symbolisant les croyants. Le texte, bien que littéralement parlant de pâturages et d’eaux tranquilles, communique également le soin et la provision spirituelle de Dieu.
  2. La Parabole des Ouvriers dans la Vigne (Matthieu 20:1-16) : Bien que souvent classée comme parabole, cette histoire contient des éléments allégoriques. Les ouvriers représentent différents groupes de personnes (peut-être différentes nations ou âges), et le propriétaire de la vigne symbolise Dieu. La parabole enseigne sur la grâce et la souveraineté de Dieu dans le don du salut.
    • Texte : « Car le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès le matin afin de louer des ouvriers pour sa vigne. » (Matthieu 20:1)
    • Interprétation : Les différentes heures auxquelles les ouvriers sont embauchés représentent différents moments où les gens viennent à la foi, mais tous reçoivent la même récompense, symbolisant le don égal de la grâce.
  3. Le Cantique des Cantiques : Ce livre est souvent interprété de manière allégorique pour représenter l’amour entre Christ et l’Église. Les descriptions poétiques de l’amour conjugal sont vues comme une métaphore de l’amour divin.
    • Texte : « Que ta bouche me baise des baisers de sa bouche! Car ton amour vaut mieux que le vin. » (Cantique des Cantiques 1:2)
    • Interprétation : Au-delà de l’amour conjugal, certains interprètes y voient l’expression de l’amour entre Dieu et son peuple, ou entre Christ et l’Église.

Importance et Utilité de l’Allégorie

  1. Clarté du Message : L’allégorie aide à rendre des concepts abstraits plus concrets et accessibles, facilitant ainsi la compréhension des leçons morales ou spirituelles.
  2. Enseignement par l’Imagination : L’utilisation de récits imagés capte l’imagination et l’attention des auditeurs ou des lecteurs, rendant l’enseignement plus mémorable.
  3. Facilitation de la Méditation : L’allégorie offre une profondeur de signification qui encourage les lecteurs à méditer sur le texte et à chercher des significations plus profondes.
  4. Protection de Vérités Sensibles : Dans des contextes de persécution ou d’opposition, les allégories peuvent voiler des vérités spirituelles d’une manière qui échappe aux autorités hostiles.

En conclusion, l’allégorie est une figure de style puissante dans la Bible, utilisée pour enseigner des vérités profondes et offrir des réflexions morales et spirituelles à travers des récits symboliques.

4. Parabole

Définition de la Parabole

Une parabole est une histoire courte, fictive et symbolique utilisée pour illustrer une leçon morale ou spirituelle. Les paraboles sont un type particulier d’analogie qui compare une situation terrestre avec une vérité spirituelle ou morale. Dans la Bible, les paraboles sont souvent utilisées par Jésus pour enseigner des vérités profondes d’une manière accessible et mémorable.

Caractéristiques des Paraboles

  1. Simplicité : Les paraboles utilisent des situations de la vie quotidienne, telles que les semailles, les relations familiales, ou les activités commerciales, pour que les auditeurs puissent facilement comprendre.
  2. Symbolisme : Les personnages et les événements dans une parabole symbolisent généralement des concepts ou des réalités spirituelles plus grandes.
  3. Double sens : Les paraboles ont souvent deux niveaux de signification : un sens littéral et un sens spirituel ou moral plus profond.
  4. Appel à l’action : Elles ne se contentent pas de transmettre des informations ; elles appellent souvent à une réflexion personnelle et à une transformation intérieure.

Objectifs des Paraboles

  1. Révélation et Voilement : Les paraboles servent à révéler la vérité aux croyants tout en voilant ces mêmes vérités aux non-croyants (Matthieu 13:10-17). Elles permettent aux disciples de comprendre les mystères du royaume de Dieu, tandis que ceux qui n’ont pas la foi restent dans l’ignorance.
  2. Enseignement moral et spirituel : Elles enseignent des leçons morales et spirituelles, souvent de manière indirecte, ce qui pousse les auditeurs à réfléchir profondément.
  3. Faciliter la mémorisation : Leur structure narrative et leur simplicité permettent aux auditeurs de mémoriser facilement les enseignements.

Exemples Bibliques de Paraboles

  1. La Parabole du Semeur (Matthieu 13:1-23) :
    • Contexte : Jésus utilise cette parabole pour enseigner sur les différents types de réponses à l’Évangile.
    • Signification : Le semeur représente celui qui annonce la parole de Dieu. Les différentes sortes de sols représentent les différents types de cœurs humains, et les graines représentent le message de l’Évangile. La leçon est que la réception de la parole dépend de l’état du cœur de l’auditeur.
  2. La Parabole du Bon Samaritain (Luc 10:25-37) :
    • Contexte : Jésus raconte cette parabole en réponse à un scribe qui demande : « Qui est mon prochain ? »
    • Signification : La parabole enseigne la leçon de l’amour du prochain. Le prêtre et le lévite, qui passent à côté de l’homme blessé sans l’aider, symbolisent une religion superficielle. Le Samaritain, en revanche, montre ce que signifie aimer son prochain, même si cet amour transcende les frontières ethniques et religieuses.
  3. La Parabole de l’enfant prodigue (Luc 15:11-32) :
    • Contexte : Cette parabole fait partie d’une série d’histoires que Jésus raconte pour répondre aux pharisiens et aux scribes qui critiquent son association avec les pécheurs.
    • Signification : Elle illustre l’amour inconditionnel et la miséricorde de Dieu envers les pécheurs repentants. Le père dans la parabole représente Dieu, tandis que le fils prodigue représente les pécheurs qui reviennent à Dieu. Le fils aîné symbolise ceux qui, comme les pharisiens, pensent qu’ils méritent la faveur de Dieu.

Interprétation et Application des Paraboles

  1. Interprétation Spirituelle : Pour comprendre une parabole, il est important de saisir le contexte dans lequel elle a été racontée et de discerner le message spirituel ou moral sous-jacent.
  2. Application Personnelle : Les auditeurs sont encouragés à se voir dans les personnages de la parabole et à appliquer les leçons dans leur propre vie.
  3. Sens Profond : Certaines paraboles, comme celles du Royaume des cieux, contiennent des significations profondes et prophétiques concernant le royaume de Dieu.

Conclusion

Les paraboles sont un outil pédagogique puissant utilisé par Jésus pour enseigner des vérités spirituelles et morales. Leur usage de symbolisme et de situations quotidiennes les rend accessibles, tout en portant des messages profonds. Pour les croyants, les paraboles restent une source inépuisable de méditation et de réflexion spirituelle, invitant chacun à vivre selon les principes divins qu’elles révèlent.

5. Hyperbole

Définition de l’Hyperbole

L’hyperbole est une figure de style qui consiste à exagérer délibérément la réalité afin de produire un effet particulier. Elle est souvent utilisée pour renforcer un point ou pour exprimer une émotion intense, sans pour autant être destinée à être prise à la lettre. Dans la Bible, l’hyperbole est fréquemment employée pour accentuer des vérités spirituelles ou morales.

Exemples Bibliques d’Hyperbole

  1. Évangile de Matthieu 5:29-30
    « Si ton œil droit te fait tomber dans le péché, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite te fait tomber dans le péché, coupe-la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne. »
    Explication: Dans ce passage, Jésus utilise une hyperbole pour souligner l’importance de se détourner du péché. Il ne suggère pas littéralement de se mutiler, mais il exprime la nécessité de prendre des mesures radicales pour éviter de pécher.
  2. Évangile de Luc 14:26
    « Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »
    Explication: Jésus utilise ici une hyperbole pour expliquer que l’amour et la dévotion envers Lui doivent surpasser toutes les autres relations. Le mot « haïr » est une exagération pour indiquer que notre amour pour Christ doit être suprême.
  3. Jean 21:25
    « Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pourrait contenir les livres qu’on écrirait. »
    Explication: Jean utilise une hyperbole pour décrire l’abondance des œuvres de Jésus, exprimant qu’il serait impossible de tout consigner. Cela souligne l’ampleur et l’importance de l’œuvre de Christ.

Importance de l’Hyperbole dans l’Interprétation Biblique

L’hyperbole est une figure de style importante à reconnaître dans l’étude de la Bible, car elle aide à comprendre le message spirituel ou moral derrière des affirmations apparemment extrêmes. Prendre une hyperbole littéralement pourrait conduire à des malentendus ou à des interprétations erronées. Il est donc crucial de discerner ces expressions pour saisir le sens véritable du texte.

Fonction et Utilisation

  • Renforcer un Message: L’hyperbole intensifie l’importance d’un message ou d’une instruction, comme dans les paroles de Jésus sur l’abandon du péché.
  • Exagération Positive: Souvent, l’hyperbole est utilisée pour célébrer ou exalter, comme dans les Psaumes où la grandeur de Dieu est exaltée de manière exagérée pour exprimer l’adoration.
  • Exagération Négative: Elle peut aussi souligner la gravité de la situation, comme dans les avertissements prophétiques ou les déclarations sur le jugement.

Conclusion

L’hyperbole, en tant que figure de style, joue un rôle clé dans la communication de vérités bibliques profondes. En tant qu’étudiants de la Bible, il est crucial de reconnaître l’hyperbole pour éviter des interprétations littérales erronées et pour apprécier la richesse du langage biblique. Elle nous invite à contempler la profondeur des vérités spirituelles et morales que les Écritures veulent transmettre.

6. Personnification

La personnification est une figure de style qui attribue des qualités humaines à des objets inanimés, des animaux ou des concepts abstraits. Dans la Bible, la personnification est fréquemment utilisée pour rendre des idées et des vérités spirituelles plus accessibles et compréhensibles. Cette figure de style aide à donner vie à des concepts abstraits, les rendant plus tangibles et mémorables pour les lecteurs.

Définition

La personnification, également appelée prosopopée, est l’attribution de caractéristiques, d’actions ou de sentiments humains à des entités non humaines. Cela peut inclure des objets, des idées, des éléments naturels ou des animaux. En littérature biblique, la personnification est souvent utilisée pour illustrer des vérités théologiques ou morales de manière vivante.

Exemples dans la Bible

Sagesse :

Dans le livre des Proverbes, la sagesse est souvent personnifiée comme une femme qui appelle les gens à l’écouter et à suivre ses conseils. Par exemple, Proverbes 1:20-21 dit :

« La sagesse crie dans les rues, Elle élève sa voix sur les places;

Elle crie à l’entrée des lieux bruyants; Aux portes de la ville elle fait entendre ses paroles. »

Ici, la sagesse est représentée comme une personne qui parle et appelle à l’action, ce qui rend l’instruction plus directe et engageante.

La Création :

Dans Psaume 19:1-4, la création est décrite comme racontant la gloire de Dieu :

« Les cieux racontent la gloire de Dieu, Et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains.

Le jour en instruit un autre jour, La nuit en donne connaissance à une autre nuit.

Ce n’est pas un langage, ce ne sont pas des paroles, Leur voix n’est point entendue;

Mais leur retentissement parcourt toute la terre, Leurs accents vont aux extrémités du monde. »

Les cieux, le jour et la nuit sont présentés comme des témoins qui déclarent la grandeur de Dieu, même sans paroles.

Amour et Haine :

Dans le passage de Proverbes 8:35-36, l’amour et la haine sont personnifiés pour montrer les conséquences de l’acceptation ou du rejet de la sagesse :

« Car celui qui me trouve a trouvé la vie, Et il obtient la faveur de l’Éternel.

Mais celui qui pèche contre moi nuit à son âme; Tous ceux qui me haïssent aiment la mort. »

La sagesse parle ici comme une personne, et aimer ou haïr la sagesse a des conséquences présentées de manière vivante.

Les Éléments de la Nature :

Dans Habakuk 3:10-11, les éléments naturels sont personnifiés pour décrire une scène de jugement :

« Les montagnes te voient et tremblent; Une trombe d’eau se précipite; L’abîme fait entendre sa voix, Il lève ses mains en haut.

Le soleil et la lune s’arrêtent dans leur demeure, A la lumière de tes flèches qui partent, A la clarté de ta lance qui brille. »

Les montagnes, l’eau, l’abîme, le soleil et la lune sont tous décrits comme ayant des réactions humaines, exprimant ainsi la grandeur de Dieu.

Importance de la Personnification dans la Bible

Illustration des Concepts Abstraits : La personnification aide à illustrer des concepts abstraits tels que la sagesse, la justice, l’amour, et le mal de manière concrète et accessible.

Engagement des Lecteurs : En rendant des idées abstraites plus vivantes, la personnification engage les lecteurs et les aide à mieux comprendre et retenir les messages bibliques.

Expression Poétique : La personnification enrichit le langage poétique des Écritures, ajoutant une dimension esthétique qui renforce le message spirituel.

Conclusion

La personnification est une figure de style puissante dans la Bible qui attribue des qualités humaines à des entités non humaines. Elle rend les concepts théologiques et moraux plus compréhensibles et mémorables, tout en enrichissant le texte biblique d’une profondeur poétique. Grâce à cette figure de style, les auteurs bibliques peuvent transmettre des vérités spirituelles de manière vivante et engageante.

7. Antithèse

L’antithèse est une figure de style qui met en opposition deux idées, deux mots ou deux expressions contraires pour souligner un contraste. Cette figure de style est largement utilisée dans la littérature, la poésie et les discours pour créer un effet dramatique ou pour clarifier une idée en la plaçant en contraste direct avec une idée opposée.

Définition de l’Antithèse

L’antithèse consiste à rapprocher dans une phrase ou un paragraphe deux idées opposées afin de créer un contraste fort. Ce procédé met en lumière les différences entre les deux éléments comparés, renforçant ainsi l’idée ou le sentiment exprimé.

Objectifs de l’Antithèse

  1. Clarification : En opposant deux idées, l’antithèse aide à clarifier une pensée ou un concept.
  2. Mise en valeur : Elle met en valeur les qualités ou les défauts d’un élément par contraste avec son opposé.
  3. Effet dramatique : Elle intensifie l’effet dramatique d’un discours ou d’un texte.
  4. Rhétorique : Elle sert d’outil rhétorique pour persuader ou convaincre un auditoire.

Exemple d’Antithèse dans la Bible

Un exemple classique d’antithèse se trouve dans le livre des Proverbes :

Proverbes 10:1 (LSG)

« Un fils sage fait la joie d’un père, et un fils insensé est la douleur de sa mère. »

Dans ce verset, l’antithèse met en opposition le « fils sage » et le « fils insensé », ainsi que les réactions opposées de « joie » et de « douleur » chez les parents. Ce contraste souligne l’importance de la sagesse et les conséquences de l’insouciance.

Analyse et Interprétation

Dans le verset de Proverbes 10:1, l’utilisation de l’antithèse sert à souligner les résultats contrastés des comportements opposés des enfants. Le « fils sage » apporte de la « joie » à son père, illustrant l’impact positif de la sagesse et de la conduite morale. En revanche, le « fils insensé » cause de la « douleur » à sa mère, mettant en évidence les conséquences négatives de la folie et de la désobéissance.

Application Pratique

L’antithèse dans la Bible est souvent utilisée pour enseigner des leçons morales et éthiques. En opposant le bien et le mal, la sagesse et la folie, l’obéissance et la rébellion, les auteurs bibliques encouragent les lecteurs à choisir la voie de la sagesse et de la droiture. Cette figure de style aide les croyants à réfléchir sur leurs choix et à comprendre les conséquences de leurs actions.

Conclusion

L’antithèse est une figure de style puissante et efficace qui met en lumière des vérités essentielles en opposant des idées contraires. Dans la Bible, elle est utilisée pour enseigner, corriger et guider les croyants vers une vie conforme aux enseignements de Dieu. En étudiant ces contrastes, les lecteurs peuvent mieux comprendre les valeurs bibliques et s’efforcer de vivre selon ces principes.

8. Chiasme

Structure littéraire dans laquelle des concepts ou des mots sont répétés en ordre inverse.

« Les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers » (Matthieu 20:16).

Met en lumière un renversement des valeurs ou des attentes.

9. Métonymie

Utilisation d’un terme pour désigner quelque chose qui lui est associé.

« Ils ont Moïse et les prophètes; qu’ils les écoutent » (Luc 16:29). « Moïse et les prophètes » désignent les écrits de l’Ancien Testament.

Dans la métonymie, la cause est mise à la place de l’effet, le signe à la place de la réalité qu’il représente. Nous employons cette forme de langage couramment : « Le quai d’Orsay ne s’est pas prononcé ». Moïse est mis pour ses écrits : « Ils ont Moïse et les prophètes » (Lc. 16.29; cp. 24.27; 2 Cor. 3.15), une contrée pour ses habitants (Mt. 3.5 litt. : toute la contrée de Juda sortit), litt. « la circoncision » pour les circoncis c’est-à-dire les Juifs (Rom. 3.30; Gal. 2.7-9), le sceptre, la clé pour autorité (Gn. 49.10; Es. 22.22), l’épée pour la guerre (Lv. 26.6), des trônes pour des puissances surnaturelles (Col. 1.16). (Voir aussi Jos. 10.21; Pv. 10.21; Jr. 21.7; Os 1.2; Act. 6.7; 1 Cor. 10.21).

Les personnifications sont des métonymies : dans « le vin est moqueur » (Pv. 20.1), le vin est mis pour ceux qui s’adonnent à la boisson. La folie (Pv. 9.13-18) comme la sagesse (Pv. 1.20s.; 8.1 s.; 9.1 s.) agissent comme des femmes, invitant à des banquets, travaillant avec Dieu. La Bible personnifie les cieux (Dt. 32.1; Es. 44.23), les collines (Es. 55.12), les arbres des champs (Ez. 17.24), la mort (1 Cor. 15.55) et l’amour (1 Pi. 4.8). Jésus dit que le lendemain aura soin de lui-même (Mt. 6.34; cp. Ps. 19.3). Dans le Ps. 114, la mer des Roseaux, le Jourdain, les montagnes et les collines sont autant de personnes qui fuient ou sautent comme des béliers. Prendre ces affirmations à la lettre serait faire injure aux textes et à leurs auteurs.

10. Synecdoque

Une partie est utilisée pour représenter le tout ou vice versa.

La synecdoque est aussi une sorte de métonymie dans laquelle la partie représente le tout ou le tout la partie : individu pour une nation ou inversement (comme lorsque nous disons : Marseille a battu Toulouse 1 :0), le singulier pour le pluriel et vice-versa. Lorsque nous lisons : Israël a fait ceci ou cela, nous comprenons : Les Israélites. Jacob dit à ses enfants : « Vous ferez descendre mes cheveux blancs avec tristesse dans la tombe » (Gn. 42.38). Bien sûr, les cheveux ne descendront pas seuls. « Une épée » dans Jr. 25.29 en représente beaucoup; en fait : toute une armée (le sing. pour le pluriel). Cp. les deux synecdoques contraires de Mich. 4.3 (Es. 2.4) et Joël 4.10. « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien » (Matthieu 6:11). « Pain » représente tous les besoins quotidiens.

Souvent, le mot chair désigne la personne entière  : « les deux deviendront une seule chair » (Gn. 2.24) = une seule personne. « La parole s’est faite chair » (Jn. 1.14) = est devenue une personne humaine; la chair et le sang, c’est l’homme mortel, opposé à Dieu (Jn. 1.13; Mt. 16.17; Gal. 1.16), qui n’a pas l’esprit de Dieu en lui (1 Cor. 15.50). Les os et la chair désignent le corps (Job 2.5; Lc. 24.39). Parfois, c’est une autre partie de la personne qui désigne le tout : « ma face ira devant toi » = je te précéderai; « heureux le sein qui t’a porté » = heureuse la mère qui t’a porté »;  « mon âme est attachée à la poussière » (Ps. 119.25); « mon âme te désire pendant la nuit, mon esprit aussi, audedans de moi te cherche » (Es. 26.9). Le plus souvent, le mot âme peut se remplacer simplement par je ou soi-même. Ainsi : « Celui qui devient sensé aime son âme » (Ps. 19.8) signifie : s’aime luimême.

Dans Mc. 3.4, Jésus demande : « Est-il permis… de sauver une âme (= une personne) ou de la tuer »; le riche insensé se propose : « je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens… mange, bois et réjouis-toi » (Lc. 12.19) = « je me dirai : Tu as beaucoup de biens » (l’âme ne mange pas, ni ne boit). De même, « dire en son cœur », c’est se dire en soi-même. (Voir aussi Jos. 7.1, 11; 1 S. 14.45; 2 S. 16.21; Job 29.11; Es. 2.4; Mt. 6.11).

11. Ironie

Expression qui suggère le contraire de ce qui est littéralement dit. Lors de la crucifixion, les soldats romains se moquent de Jésus en l’appelant « Roi des Juifs » (Matthieu 27:29). Ils se moquent de Jésus, ignorant qu’il est vraiment le roi.

Définition

L’ironie est une figure de style qui consiste à dire le contraire de ce que l’on pense, tout en laissant entendre la véritable intention par le contexte, le ton ou les circonstances. Elle peut prendre diverses formes, y compris l’ironie verbale, l’ironie de situation et l’ironie dramatique.

Expression qui suggère le contraire de ce qui est littéralement dit. Lors de la crucifixion, les soldats romains se moquent de Jésus en l’appelant « Roi des Juifs » (Matthieu 27:29). Ils se moquent de Jésus, ignorant qu’il est vraiment le roi.

  1. Ironie Verbale : Se produit lorsqu’un locuteur exprime quelque chose en utilisant des mots qui signifient le contraire de ce qu’il veut dire. Elle est souvent utilisée pour se moquer ou critiquer de manière subtile.
  2. Ironie de Situation : Fait référence à une situation dans laquelle le résultat est totalement opposé à ce que les personnages ou le public pourraient attendre.
  3. Ironie Dramatique : Se produit lorsque le public sait quelque chose qu’un personnage ne sait pas, créant une tension ou un effet comique.

Exemples et Explications dans la Bible

  1. Ironie Verbale
    • 1 Rois 18:27 : « À midi, Élie se moqua d’eux et dit: ‘Criez à haute voix, puisqu’il est dieu; il pense à quelque chose, ou il est occupé, ou il est en voyage; peut-être qu’il dort, et il se réveillera.' »
      Explication : Élie utilise ici l’ironie pour se moquer des prophètes de Baal qui invoquaient leur dieu sans succès. En suggérant que Baal pourrait être « occupé » ou « dormir », il sous-entend de manière moqueuse l’impuissance de Baal.
  2. Ironie de Situation
    • Genèse 37:9-11 : Joseph raconte à ses frères un rêve où ils se prosternent devant lui. Ironiquement, les frères de Joseph le vendent comme esclave pour empêcher ce rêve de se réaliser, mais cela conduit finalement à l’accomplissement de la prophétie lorsqu’ils viennent se prosterner devant lui en Égypte. Explication : La situation est ironique car les actions des frères de Joseph, destinées à contrecarrer son rêve, finissent par en provoquer l’accomplissement.
  3. Ironie Dramatique
    • Jean 11:49-52 : Caïphe, le grand-prêtre, dit aux autres chefs juifs : « Il est dans votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple et que toute la nation ne périsse pas. »
      Explication : Caïphe pensait qu’il parlait de la nécessité politique de tuer Jésus pour maintenir la paix, mais, sans le savoir, il prophétisait l’expiation universelle que la mort de Jésus apporterait. Le public, qui connaît la mission de Jésus, voit l’ironie dans la déclaration de Caïphe.

Importance de l’Ironie

L’ironie est un puissant outil littéraire dans la Bible qui sert à souligner des vérités profondes, à révéler l’hypocrisie, à exposer les paradoxes de la vie humaine et à renforcer des leçons morales. Elle peut également créer une connexion émotionnelle ou intellectuelle avec le lecteur, rendant les récits plus engageants et mémorables.

Conclusion

L’ironie, sous ses différentes formes, est une figure de style fréquemment utilisée dans la Bible pour souligner des points importants, pour exposer des contradictions et pour ajouter une profondeur supplémentaire aux récits. Elle demande souvent une lecture attentive pour être détectée et comprise, enrichissant ainsi l’expérience de lecture et d’étude des Écritures.

12. Paradoxe

Définition

Un paradoxe est une figure de style qui présente une idée ou une assertion qui semble être en contradiction avec la logique ou le sens commun, mais qui, après réflexion, révèle une vérité profonde ou une perspective nouvelle. Les paradoxes sont souvent utilisés pour provoquer la réflexion, remettre en question les idées reçues et mettre en lumière des vérités spirituelles ou philosophiques complexes.

Exemples Bibliques de Paradoxes

  1. Matthieu 16:25 : « Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera. »
    • Explication : Ce verset illustre le paradoxe chrétien du renoncement. Il semble illogique de penser que perdre quelque chose soit la voie pour le gagner, mais dans le contexte spirituel, cela signifie que le renoncement à sa propre volonté pour suivre Jésus mène à la véritable vie.
  2. 2 Corinthiens 12:10 : « C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les insultes, dans les détresses, dans les persécutions, dans les angoisses pour Christ ; car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. »
    • Explication : L’apôtre Paul parle ici d’un paradoxe où la faiblesse est une forme de force. En reconnaissant ses faiblesses et en dépendant de la force de Dieu, Paul découvre une véritable puissance spirituelle.
  3. Matthieu 5:3 : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! »
    • Explication : Ce paradoxe dans les Béatitudes semble contraire à la logique humaine. Être « pauvre en esprit » signifie reconnaître sa dépendance totale de Dieu, et cette humilité spirituelle est présentée comme la voie vers la bénédiction et le royaume de Dieu.
  4. 1 Corinthiens 1:27 : « Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes. »
    • Explication : Ce verset montre comment Dieu utilise ce qui semble faible ou insensé aux yeux du monde pour accomplir Ses desseins, révélant ainsi la sagesse divine qui transcende la sagesse humaine.

Importance des Paradoxes

Les paradoxes dans la Bible sont importants car ils:

  1. Encouragent la Réflexion : Ils obligent les lecteurs à réfléchir plus profondément sur les vérités spirituelles et à aller au-delà des apparences superficielles.
  2. Révèlent des Vérités Spirituelles Profondes : Les paradoxes aident à comprendre des concepts spirituels complexes en les présentant sous un angle inattendu.
  3. Remettent en Question les Idées Reçues : Ils provoquent les croyants à repenser les valeurs et les priorités, les incitant à adopter une perspective biblique.
  4. Rendent la Parole de Dieu Vivante et Dynamique : En utilisant des paradoxes, les auteurs bibliques montrent que la sagesse divine dépasse de loin la logique humaine, rendant la lecture des Écritures plus stimulante et enrichissante.

Conclusion

Les paradoxes bibliques sont des outils puissants pour révéler des vérités spirituelles profondes. Ils obligent les croyants à réfléchir au-delà des conventions humaines et à embrasser des perspectives spirituelles qui peuvent sembler contre-intuitives mais qui conduisent à une compréhension plus riche de la foi chrétienne. En explorant ces paradoxes, les croyants peuvent découvrir des aspects de la vérité divine qui éclairent et transforment leur vie spirituelle.

13. Réification

Définition

La réification est une figure de style qui consiste à attribuer des caractéristiques matérielles ou physiques à des concepts abstraits ou des idées. Le terme vient du latin res, qui signifie « chose ». En rhétorique, la réification implique souvent de traiter quelque chose d’immatériel comme s’il s’agissait d’une chose concrète ou d’un objet.

Objectif et Importance

La réification permet de rendre des concepts abstraits plus compréhensibles et accessibles en les présentant sous une forme tangible. Cela peut aider les lecteurs à mieux visualiser et comprendre des idées complexes ou spirituelles. Cette figure de style est particulièrement utile dans les textes religieux, comme la Bible, où des concepts spirituels et moraux doivent être communiqués de manière concrète.

Exemples dans la Bible

  1. Personnification de la Sagesse
    Proverbes 9:1-2 (LSG)
    « La sagesse a bâti sa maison, Elle a taillé ses sept colonnes. Elle a égorgé ses victimes, mêlé son vin, Et dressé sa table. »
    Dans ce passage, la Sagesse est décrite comme une hôtesse préparant un festin, ce qui est une réification. La sagesse, qui est un concept abstrait, est ici représentée comme une personne physique capable de construire une maison et de préparer un repas.
  2. La Mort et le Péché
    Romains 5:21 (LSG)
    « Afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce règne par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur. »
    Ici, le péché et la mort sont représentés comme des souverains régnant sur l’humanité, une autre forme de réification. Ces concepts abstraits sont dotés d’une forme de pouvoir et d’autorité, les rendant plus tangibles et compréhensibles pour le lecteur.
  3. La Vérité
    Jean 8:32 (LSG)
    « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »
    La vérité, concept abstrait, est présentée comme un agent actif capable de libérer. Cette réification donne à la vérité une action concrète, celle de libérer les gens de l’erreur ou de l’ignorance.
  4. Le Péché comme un Maître

Romains 6:14 : « Car le péché n’aura point de pouvoir sur vous, puisque vous êtes, non sous la loi, mais sous la grâce. »
Le péché est présenté comme un maître ou une force qui pourrait dominer les croyants.

  • Le Mal comme une Personne

Éphésiens 6:12 : « Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. »
Le mal est réifié comme un ensemble de puissances spirituelles organisées.

  • La Mort comme un Ennemi

1 Corinthiens 15:26 : « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort. »
La mort est décrite comme un ennemi, une entité contre laquelle on lutte.

  • La Foi comme un Bouclier

Éphésiens 6:16 : « Prenez, par-dessus tout, le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin. »
La foi est représentée comme un bouclier, une arme de défense contre les attaques spirituelles.

  • L’Amour comme une Force

1 Corinthiens 13:7 : « Elle [l’amour] excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. »
L’amour est décrit comme une force capable de tout endurer et de tout croire.

Analyse

  • Visualisation : La réification permet de visualiser des concepts abstraits en leur donnant une forme tangible, aidant ainsi à la compréhension.
  • Impact émotionnel : En personnifiant des idées abstraites, cette figure de style peut avoir un impact émotionnel plus fort sur le lecteur, en rendant les concepts plus proches et plus significatifs.
  • Complexité : Bien que la réification simplifie certains concepts, elle peut aussi ajouter une couche de complexité en introduisant des métaphores ou des analogies qui nécessitent une interprétation plus profonde.

La réification est une figure de style puissante utilisée dans la Bible pour rendre les concepts spirituels et moraux plus accessibles et mémorables. En attribuant des caractéristiques matérielles à des idées abstraites, les écrivains bibliques ont pu communiquer des vérités profondes de manière claire et percutante.

14. Jeu de mots

Définition

Un jeu de mots est une figure de style qui repose sur l’utilisation créative et souvent humoristique des mots. Il peut s’agir de jeux sur le son (homophonie), le sens (double sens), ou la structure des mots. Le but est souvent de produire un effet ludique, ironique ou d’insistance.

Exemples Bibliques

  1. Jeu de mots sur les noms :
    • Matthieu 16:18 : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. »
      • Ici, Jésus fait un jeu de mots sur le nom « Pierre » (en grec « Petros ») et « cette pierre » (en grec « petra »). Il utilise le nom de Pierre pour illustrer le rôle fondamental qu’il jouera dans l’établissement de l’Église.
  2. Jeu de mots avec des homophones :
    • Michée 1:10-15 : Le prophète Michée utilise une série de jeux de mots basés sur les noms des villes pour annoncer le jugement. Par exemple, « Bethléem » (qui signifie « maison du pain ») est mentionnée dans un contexte où le pain fait défaut.
  3. Double sens :
    • Jean 3:3 : « Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. »
      • Le terme grec « anothen » peut signifier « de nouveau » ou « d’en haut ». Jésus joue sur ce double sens pour enseigner la nécessité d’une nouvelle naissance spirituelle.
  4. Jeu de mots et ironie :
    • 2 Samuel 12:1-7 : Le prophète Nathan raconte une parabole à David sur un riche qui prend la brebis d’un pauvre. Quand David s’indigne contre le riche, Nathan répond : « Tu es cet homme ! » (v.7). Ici, il y a un jeu de mots implicite entre le récit de l’histoire et la révélation de l’identité de David comme coupable.

Explications et Impact

Les jeux de mots dans la Bible ne sont pas seulement des ornements stylistiques. Ils servent souvent à renforcer un enseignement ou une prophétie, à souligner une vérité spirituelle ou à dévoiler subtilement une vérité cachée. Ces jeux de mots étaient particulièrement puissants dans le contexte culturel et linguistique de l’époque et, bien que certaines subtilités puissent se perdre dans la traduction, ils restent des exemples marquants de la richesse littéraire des Écritures.

En utilisant des jeux de mots, les auteurs bibliques attirent l’attention des lecteurs ou des auditeurs, les invitant à réfléchir plus profondément sur les mots choisis et leur signification. Ils ajoutent également une dimension émotionnelle ou esthétique, augmentant l’impact du message.

Conclusion

Le jeu de mots est une figure de style notable dans la Bible, souvent utilisée pour exprimer des vérités spirituelles de manière subtile et créative. Il enrichit le texte sacré par sa profondeur et son caractère nuancé, invitant les lecteurs à explorer les multiples niveaux de signification.

15. Oxymore

L’oxymore est une figure de style qui juxtapose deux termes opposés ou contradictoires pour créer un effet de surprise ou pour exprimer une complexité ou une contradiction. Dans la littérature biblique, l’oxymore est utilisé pour souligner des paradoxes profonds ou pour mettre en lumière des vérités spirituelles complexes.

Association de deux termes contradictoires.

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés » (Matthieu 5:4). Contradiction entre « heureux » et « pleurent » pour souligner que le réconfort suit la tristesse.

Définition

Oxymore : Une figure de style où deux mots ou expressions opposés sont placés côte à côte pour créer un effet paradoxal, souvent pour exprimer une idée complexe ou contradictoire.

Objectif

L’oxymore est utilisé pour:

  1. Créer un effet dramatique : En juxtaposant des termes contradictoires, l’oxymore attire l’attention du lecteur ou de l’auditeur et renforce le message.
  2. Exprimer des vérités paradoxales : Il permet d’exprimer des vérités spirituelles ou émotionnelles qui semblent contraires mais qui, ensemble, révèlent une vérité plus profonde.
  3. Stimuler la réflexion : Il encourage le lecteur à réfléchir plus profondément sur le sens des mots et les implications du contraste.

Exemples bibliques

  1. Jean 3:29 (LSG) : « Celui qui a l’épouse est l’époux; mais l’ami de l’époux, qui se tient et écoute, se réjouit de la voix de l’époux. Ainsi, cette joie qui est la mienne est parfaite. »
    • Analyse : L’expression « l’ami de l’époux » et « la joie parfaite » peut sembler contradictoire car l’ami n’est pas le principal mais il ressent une joie complète. Cette juxtaposition souligne l’idée que la joie de Jean-Baptiste réside dans le succès de Jésus, même si lui-même n’est pas au centre.
  2. Romains 6:22 (LSG) : « Mais maintenant, étant affranchis du péché, et devenus serviteurs de Dieu, vous avez votre fruit en sanctification, et la fin, la vie éternelle. »
    • Analyse : Le contraste entre « affranchis » et « serviteurs » est un oxymore. Il souligne le paradoxe de la liberté en Christ, qui conduit paradoxalement à un service dévoué.
  3. 2 Corinthiens 6:10 (LSG) : « Comme affligés, mais toujours joyeux; comme pauvres, mais enrichissant beaucoup de gens; comme n’ayant rien, mais possédant tout. »
    • Analyse : Les termes « affligés » et « joyeux », « pauvres » et « enrichissant » sont des exemples classiques d’oxymore. Ils illustrent le paradoxe de la condition chrétienne où la souffrance et la pauvreté sont accompagnées d’une joie profonde et d’une richesse spirituelle.

Conclusion

L’oxymore, en juxtaposition de termes opposés, joue un rôle important dans la littérature biblique pour exprimer des vérités paradoxales et profondes. En utilisant cette figure de style, les écrivains bibliques soulignent des réalités complexes et permettent aux lecteurs de méditer sur les mystères spirituels de la foi chrétienne.

16 Les comparaisons

La figure la plus simple et la plus courante est la comparaison. Nous en trouvons partout dans la Bible (Ps. 5.10; 72.6; 103.11-16; Es. 1.8-18; 55.9-11; Jr. 15.18; 23.29; Constituant. 1.2; 4.4; Mt. 7.9-11; Lc. 10.1-3; 13.34; 17.24; 1 Cor. 3.15; 13.11; 1 Thess. 5.2; Jq. 1.6; Ap. 4.3, 6, 7…).

17. Les anthropomorphismes

Les anthropomorphismes sont une forme de langage figuré. La Bible affirme clairement que « Dieu est Esprit » (Jn. 4.24) et qu' »un esprit n’a ni chair ni os » (Lc. 24.39). Pourtant, bien des passages de l’A.T. parlent de lui comme s’il s’agissait d’une personne physique, comme s’il avait  la « forme d’un homme » (c’est le sens du mot anthropomorphisme). Il est question de sa face (Ex.

33.23; Ps. 10.11; Jr. 21.10), ses yeux (2 Chr. 7.16; Ps. 11.4; Jr. 16.17), ses oreilles (Ps. 10.17; Es.

37.17; Dan. 9.18), ses narines (Ex. 15.8; Ps. 18.16; Es. 65.5), sa bouche (1 R. 8.24; Es. 34.16; Mich.

4.4), sa voix (Ex. 33.23; Es. 50.2; Jr. 1.9), son dos (Ex. 33.23; Es. 38.17; Jr. 18.17), ses pieds (Ex. 24.10; Ps. 77.20; Es. 60.13), son cœur et son âme (Gn. 6.6; 2 Chr. 7.16; Ps. 11.5), il dort et il s’éveille (Ps. 78.65; 113.5; Es. 26.21; cp. Am. 7.7) (d’après Sterrett, 74, p. 124).

Comment interpréter ces expressions ? « La clé se trouve dans la question : A quoi nous servent ces parties de notre corps ? Que faisons-nous de notre bras droit ? Nous travaillons – ce qui exige de la force. Généralement, le bras droit d’un homme est plus fort que son gauche. Ainsi, pour représenter la force de Dieu, l’auteur biblique, et même Dieu lui-même, parlent d’exercer la puissance avec son bras droit.  Que faisons-nous de nos yeux ? Nous prenons conscience des autres gens et des choses. Les yeux de Dieu nous disent qu’il est conscient de nous et de sa création. A quoi nous servent nos oreilles? A entendre ce qui vient d’en dehors de nous. Les ‘oreilles ouvertes’ de Dieu signifient qu’il est prêt à écouter ce que nous disons » (Sterret p. 125).

La phrase : « les yeux de l’Eternel parcourent toute la terre » (2 Chr. 16.9) prise littéralement est un non-sens. Dieu veut nous dire par là qu’il s’occupe de chaque croyant, où qu’il soit, et qu’il est prêt à intervenir en sa faveur.

C’est dans cette même catégorie des anthropomorphismes qu’il nous faut placer les textes qui nous parlent des sentiments éprouvés par Dieu : il regrette, se souvient, se repent (Gn. 6.6; 19.29; Jr. 18.8, 10). Dans 1 S. 15.29, il nous est dit que Dieu n’est pas homme pour qu’il puisse se repentir (cp. Nb. 23.19). « Il n’y a en lui ni changement ni ombre de variation » (Jq. 1.17), mais il tient compte des attitudes humaines : si l’homme change d’attitude à son égard. Dieu modifie ses desseins en conséquence : il revient sur le mal (Ex. 32.14; 2 S. 24.16; Jr. 18.8; 26.13; Am. 7.3,6; Jon. 3.10; 4.2) ou le bien (Jr. 18.10) qu’il avait l’intention de lui faire.

18. Les euphémismes

Les euphémismes sont une autre forme de langage figuré pour parler de ce qui serait choquant ou offensant pour de jeunes oreilles. Quand les apôtres, dans leur prière, parlent de Judas qui a quitté sa place « pour aller à la place qui est la sienne » (Act. 1.25), ils emploient un euphémisme pour éviter de parler de son suicide. S’endormir est parfois mis pour mourir (Act. 7.59), un euphémisme parfois équivoque (Jn. 11.12-13). On sait que le verbe connaître est utilisé pour la relation sexuelle (Gn. 4.1, 17; 38.26:; Jug. 19.25; 1 R. 1.4; Mt. 1.25), même homosexuelle (Jug. 19.22). « Ne pas avoir connu d’homme » est synonyme de vierge (Gn. 19.8; 24.16; Nb. 31.17, 35; Jug. 1.39; Lc. 1.34). Il en est de même de l’expression « découvrir la nudité » de quelqu’un (Lv. 18. 6-19) et de « s’approcher de » (Ex. 19.15; Es. 8.3; Ez. 18.6), « toucher une femme » (1 Cor. 7.1). « Se couvrir les pieds » (1 S. 24.4) signifiait satisfaire un besoin naturel (pour parler par euphémisme). Le langage est suffisamment direct pour que les premiers lecteurs comprennent la pensée, mais, d’un autre côté, la Bible évite de rentrer dans les détails. Son langage n’est ni prude ni cru; il est réaliste mais respectueux.

19. Les symboles

Les symboles peuvent être des objets (l’huile, le sel, le chandelier), des animaux  (lion, colombe, renard), des actions (manger un rouleau, cacher une ceinture, immerger quelqu’un dans l’eau), des phénomènes naturels (pluie, rosée, éclair), des institutions (la Pâque, la fête des Tabernacles), des matières : tissus ou métaux (du fin lin, de l’or, du bronze), des couleurs (pourpre, bleu azur, vermillon), des noms de lieux (Sodome, Gomorrhe, Sion), de personnes (David, Elie, Jézabel), des nombres (trois, sept, douze, quarante) ou autre chose (par ex. des visions).

Souvent, la Bible n’explique pas le symbole, car il est destiné autant à voiler une vérité qu’à la révéler  (cp. Mt. 13.14-15). Dieu veut que nous en cherchions soigneusement la signification si nous tenons à connaître la vérité. « Tu es un Dieu qui te caches, Dieu d’Israël, Sauveur » (Es. 45.15). Il en est de même de sa vérité : elle aussi se cache parfois. C’est une manière pour Dieu de respecter la liberté de l’homme : « Cherchez, et vous trouverez » (Mt. 7.7).

L’interprétation des symboles bibliques demande donc des effort et… du doigté. Car là aussi, on peut tomber facilement dans un excès où la signification symbolique absorbe le sens réel du texte. A force de le spiritualiser, on lui ôte sa valeur première. Si, dans le texte de Rom. 12.20 : « si ton ennemi a faim et soif… », nous voyons tout de suite le symbolisme de la faim et de la soif selon Jn. 6 et 7, nous risquons de passer à côté de ce que le texte veut nous dire.

Quelle est la différence entre la métaphore et le symbole ? T. Huser la définit ainsi : « La métaphore invite à une comparaison entre la réalité que l’on décrit et l’image que l’on emploie; en superposant deux images, elle « donne à penser ». Le symbole, lui, fait fonction d’emblème : il « représente » une autre réalité. Le lien peut être analogue (par exemple, la balance comme symbole de la justice), mais il peut être aussi beaucoup plus arbitraire (la croix gammée comme symbole du nazisme, fruit d’une association historique). Alors que, pour la métaphore, on établit une relation de « va-et-vient » entre la réalité signifiée et l’image, pour le symbole, l’image n’est qu’une manière de renvoyer « en ligne droite » à cette réalité. Le symbole est « mis à la place » de la réalité que l’on vise, alors que la métaphore se superpose à elle, avec une invitation au dialogue.

Exemple : dans la métaphore du « berger », on cherche en quoi Jésus a des comportements semblables à ceux d’un berger. En décrivant l’huile comme un symbole  de l’Esprit, on ne cherche pas les similitudes : on se fonde sur l’association  courante, dans l’Ancien Testament, de « représenter » le don de l’Esprit par l’onction d’huile. »

Quelques symboles courants

Parmi les symboles les plus évidents, on peut citer : l’adultère et la prostitution, symboles de la violation de l’alliance avec Dieu, comparée à un mariage; Babylone : la puissance terrestre opposée à Dieu, contre-partie humaine de Jérusalem (Ap. 17.5; 18.21), représentée aussi parfois sous les traits de la Bête (Ap. 19.19). Le bras est symbole de force, comme la corne (ce mot hébreu est souvent déjà remplacé par puissance dans nos traductions), se ceindre les reins, c’est se préparer à agir (ce que ne permettait pas la robe ample non serrée aux hanches par une ceinture), le chandelier parle de lumière, le chien oriental est symbole d’impureté, la coupe signifie le destin, l’encens : la prière, la harpe : la louange, l’huile : le Saint-Esprit, l’hysope : la purification (Ps. 51.9), les mains : l’activité, la pourpre : la royauté.

Le symbolisme des nombres

Certains nombres ont de toute évidence une valeur symbolique dans la Bible. Le nombre sept y apparaît plus de 600 fois, le plus souvent avec le sens symbolique (qu’il avait d’ailleurs chez tous les Sémites du Moyen-Orient) de totalité, caractère complet, plénitude voulue par Dieu, donc : perfection. Ce sens est évident, par exemple, dans l’expression « les sept esprits de Dieu »  (Ap. 1.4) puisque nous savons qu’il n’y a qu' »un seul Esprit » (Eph. 4.4).

Le nombre trois a également ce sens relatif à Dieu (la triple mention de l’Eternel dans la bénédiction de Nb. 6.24-27 : la triple répétition de « saint » dans Es. 6.3). Dans le N.T., il se réfère évidemment à la Trinité (2 Cor. 13.13; Ap. 4.8).

Quatre est la plénitude sur le plan terrestre (les 4 points cardinaux, les 4 vents; voir Jr. 49.36; Ez 37.9; Es. 11.12; Lc. 13.29; Ap. 7.1).

Le nombre douze se rapporte au peuple de Dieu de l’ancienne (12 tribus) comme de la nouvelle alliance (12 apôtres). L’Apocalypse les juxtapose (4.4) et joue avec ses multiples : 12 x 1000 (nombre de la multitude) et même 12 x 12 x 1000 – 144,000 (7.4-8). La femme du chapitre 12 a 12 étoiles sur sa tête (12.1). La nouvelle Jérusalem a 12 portes et 12 anges aux portes (21.12) ainsi que 12 fondements  (v. 14). Elle a la forme d’un cube de 12’000 stades de côté et elle est entourée d’une muraille de 144 (12 x 12) coudées, dont les fondements sont 12 pierres précieuses (21.17-20). Il est évident qu’il ne faut pas transformer ces dimensions en mesures métriques, pas plus qu’il ne faut prendre littéralement le nombre des 144’000 élus (7.4) ou d’autres nombres de l’Apocalypse.

Quarante et soixante-dix apparaissent aussi très souvent avec une portée symbolique : 40 ans est la durée conventionnelle d’une génération (Nb. 14.34; Dt. 2.14; 8.1-5). Gn. 10 énumère 70 nations issues des fils de Noé; Moïse établit 70 anciens sur le peuple; Ex. 1.5 nous dit que Jacob avait 70 descendants venus en Egypte. Jésus a envoyé 70 disciples en mission (Lc. 10.1).

La concordance vous permettra de trouver encore d’autres exemples significatifs, mais là aussi, attention de ne pas dépasser ce que la Bible indique et de ne pas vouloir donner une signification symbolique à tous les nombres !

Les symboles constituent une part importante de la révélation biblique. Les négliger, c’est se priver d’une richesse précieuse que Dieu nous a transmise par l’intermédiaire d’un peuple qui vivait dans un contexte saturé de symbolisme. En fausser le sens, c’est s’exposer à tirer de la Bible des pensées qui lui sont étrangères, ou plutôt : y importer nos propres idées en les revêtant de l’estampille divine. C’est pourquoi l’interprétation correcte de cet aspect de la révélation est si importante

20. L’apostrophe

Puisque les objets inanimés sont des personnes, on peut donc s’adresser à elles. L’apostrophe est un procédé poétique courant, aussi vieux que les livres de Moïse (Nb. 21.29) et des Juges (Jug. 5.3). « Pourquoi montagnes aux cimes nombreuses, jalousez-vous la montagne qu’il a plu à Dieu d’habiter ? » (Ps. 68.17). En disant : « Réjouis-toi, stérile » (Es. 54.1), le prophète s’adresse à une nation (cp. Ps. 114.5-8, cités plus haut). Jr. 47.6 apostrophe l’épée en lui disant : « Rentre dans ton fourreau, arrête et sois tranquille » (apostrophe et synecdoque, bien plus parlantes que : la guerre cessera). Dans 22.29, il sommait la terre (mise pour ses habitants) d’écouter la Parole de l’Eternel. Jésus a aussi utilisé l’apostrophe en s’adressant aux villes de Chorazin de Bethsaïda, de Capernaüm et de Jérusalem (Mt. 11.21, 23; 23.37) comme à des personnes. (Voir aussi 2 S : 19.1; 1 R. 13.2; Es.

14.12; Ez. 37.4).

21. L’hendiadys

L’hendiadys est une particularité du langage biblique où deux mots joints par et expriment, en fait, une seule idée. Lorsqu’il est dit dans Gn. 19.24 : L’Eternel fit pleuvoir sur Sodome et Gomorrhe du soufre et du feu« , cela signifie : du soufre enflammé.

Dans Job 5.15, il est question de Dieu qui « arrache le pauvre de l’épée et de leur bouche « de celle des  méchants) ». La plupart des versions ont rétabli le sens de l’expression : « de l’épée de leur bouche », c’est-à-dire des effets des paroles sortant de leur bouche, aussi meurtrières qu’une épée.

Cette figure de langage est surtout utilisée dans les textes poétiques.

22. L’hyperbole

L’hyperbole est une exagération délibérée pour souligner une vérité et susciter une réaction chez le lecteur. Ce caractère délibéré, accepté comme une convention littéraire par les lecteurs, empêche d’accuser l’auteur de trahir la vérité. Nous utilisons journellement des hyperboles : « Je suis mort de fatigue, je le pilerais, il pleut des cordes… ». Les auteurs bibliques en font de même : « Mes yeux versent des torrents de larmes » (Ps. 119.136), « Saül a frappé ses mille, David ses dix mille » (1 S. 18.7), « ils étaient plus légers que des aigles, plus forts que des lions » (2 S. 1.23).

Jésus a aussi utilisé l’hyperbole pour frapper l’esprit de ses auditeurs : « Vous filtrez le moucheron et vous avalez le chameau » (Mt. 23.24). « Ote tout d’abord la poutre de ton œil ! » (Mt. 7.5). « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu » (Mc. 10.25). Pour pouvoir prendre cette parole littéralement, on a suggéré que le trou de l’aiguille était une porte (restée inconnue) de Jérusalem ou que le chameau était une sorte de corde. Comment prendre à la lettre alors ses autres paroles – ou celles de son évangéliste (Jn. 21.25) ?  (Voir aussi Dt. 1.28; 1 R. 1.40; Ps. 119.20; Jr. 19.4; 23.9).

Ainsi il y a exagération et hyperbole lorsqu’une déclaration contient une allusion à quelque chose d’impossible (une poutre ou une paille dans un œil : Mt. 7.3-5 cp. Mt. 23.24); lorsqu’une déclaration contredit ce que Jésus dit ailleurs (haïr son père et sa mère (Lc. 14.26) contredirait Mc. 7.9-13); lorsqu’elle contredit ce que Jésus lui-même a fait (il a pris soin de sa mère : Jn. 19.26-27), l’enseignement de l’A.T. (Ex. 20.12; Dt. 5.16…) ou du N.T. (Mt. 5.42 contre 2 Thess. 3.16, Mt. 7.1 contre 1 Cor. 6.1-6).

Les hyperboles sont fréquentes dans les proverbes ou les aphorismes où il s’agit de frapper l’imagination (par exemple : Mt. 6.21; 10.24; 26.52; Mc. 6.4; Lc. 16.10) et dans la poésie où l’on adresse plus aux sentiments qu’à raison raisonnante (dans Mt. 5.39-41; 6.24:; 7.7-8; Mc. 2.21-22, Jésus a donné à ses affirmations la forme habituelle de la poésie hébraïque, c’est-à-dire qu’il les a formulées en lignes parallèles). Chaque métaphore contient une exagération : « Je suis un ver et non un homme » (Ps. 22.7). « Je suis la rose de Saron » (Ct. 2.1). « Vous êtes le sel de la terre » (Mt. 5.13). Les paraboles utilisent aussi le verre grossissant de l’hyperbole. Le roi de la parabole du serviteur impitoyable remet une dette de 10 000 talents : une somme astronomique qui correspondrait à des milliards de nos francs actuels; songeons que tout le tribut de Galilée et de la Pérée se montait à 200 talents et que l’ensemble des ressources annuelles d’Hérode le Grande ne dépassait jamais 900 talents (Josèphe, Ant. 17.318).

Une part des hyperboles est due aux expressions idiomatiques courantes. Quand nous disons : « Je n’ai pas fermé œil de la nuit » ou « Il a dû avaler des couleuvres », personne ne songe à prendre ces affirmations au pied de la lettre. Des expressions comme « Il y aura des pleurs et des grincements de dent », « une foi qui déplace des montagnes » devaient faire partie des formules usuelles.

Quelle est la fonction de l’hyperbole ?

1. elle se grave plus facilement dans la mémoire; 2. elle impressionne l’auditeur et facilite sa décision (voir Lc. 14.26; Mt. 23.15, 24, 25); 3. elle révèle les sentiments de l’orateur (qui ne fait pas un exposé exact et froid); 4. elle stimule notre intérêt et maintient notre attention éveillée (pp. 94-100).

23. La litote

La litote va dans le sens contraire : on dit moins que ce que l’on pense. Quand l’apôtre dit au tribun de Jérusalem qu’il est « citoyen d’une ville qui n’est pas sans renom » (Act. 21.39), il emploie une litote, car la ville dont il s’agit c’est Rome (cp. 22.25-28). En écrivant aux Corinthiens qu’il ne les « loue pas » (1 Cor. 11.17) pour la manière de célébrer le repas du Seigneur, il utilise le même procédé. Le mot litote s’applique aussi à la figure de rhétorique qui consiste à affirmer une chose en niant son contraire (par exemple Ps. 51.19 : tu ne dédaignes pas = tu acceptes; 1 S. 26.8 : je ne le frapperai pas deux fois = je le tuerai du premier coup).

24. L’ironie

L’ironie consiste à dire le contraire de ce que l’on pense. Elle n’est pas absente de la Bible, mais parce qu’on ne pense pas la trouver là, on commet souvent des erreurs d’interprétation. On ne se trompe guère sur l’exclamation de Mikal « Quel honneur aujourd’hui pour le roi d’Israël de s’être découvert aux yeux des servantes, de ses serviteurs comme se découvrirait un homme de rien » (2 S. 6.20). Jésus usait d’une ironie mordante en demandant à ses adversaires : « Je vous ai fait voir beaucoup d’œuvres bonnes venant du Père. Pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ? » (Jn. 10.32), ironie que ses auditeurs ne semblent d’ailleurs pas avoir comprise (v. 33). Jésus voulait percer la carapace d’indifférence de ses opposants quand il recourait à cette arme : « Vous vous y entendez bien pour mettre de côté le commandement de Dieu au profit de votre tradition » (Mc. 7.9). Ou : « Comblez donc la mesure de vos pères » (Mt. 23.32). Pilate voulait être ironique en présentant Jésus à la foule par ces mots : « Voici l’homme » (Jn. 19.5), ne se doutant pas qu’il énonçait une profonde vérité.