Le baptême

Les hommes communiquent entre eux par la parole, mais aussi par les gestes. Ces derniers sont aussi porteurs d’un message; les actes symboliques soutiennent la parole et la complètent.

Dieu emploie aussi des gestes pour s’adresser aux hommes. Par exemple, le service des Lévites était accompagné de très nombreux gestes; en particulier, lors de l’immolation d’un animal, l’Israélite posait sa main sur la tête de la victime pour exprimer que son péché passait sur elle (Lé 4:4, Lé 4:15Lé 4:24Lé 4:29Lé 4:33).

Autre exemple: sur l’ordre de Dieu, le prophète Jérémie s’est présenté chargé de jougs devant les ambassadeurs des pays voisins réunis à Jérusalem; il en a donné un à chacun, puis il leur a déclaré qu’ils devaient se soumettre à Nébucadnetsar (Jé 27:1-8).

Jésus a institué, pour l’Eglise, deux gestes porteurs d’un message: le baptême d’eau (Mt 28:19Mc 16:16) et la Cène (Mt 26:26-28). Ces gestes illustrent, ou symbolisent, de façon visible des réalités spirituelles invisibles.

Dès le début de l’Eglise, les apôtres ont mis en pratique l’ordre du Seigneur de baptiser tous ceux qui acceptaient la Parole (Ac 2:41Ac 8:12Ac 8:36-38Ac 10:47Ac 16:14-15Ac 16:33Ac 18:8).

Le verbe « baptiser » vient du grec « baptizô » qui signifie littéralement « plonger, immerger, submerger« . Il était employé en particulier pour désigner l’immersion d’un objet, par exemple une étoffe plongée dans de la teinture ou un navire hors d’usage coulé en mer. Ce terme implique que l’Ecriture envisage toujours le baptême par immersion.

A plusieurs reprises, Jésus-Christ a parlé de sa mort et sa résurrection comme d’un « baptême » (Lu 12:50Mc 10:38). En effet, il s’est laissé engloutir entièrement par la mort puis il est revenu à la vie (Jn 10:17-18). Les événements de la Passion et de Pâques constituent la réalité historique qui donne tout son sens au baptême d’eau.

Le baptême comporte deux phases: l’immersion puis la sortie de l’eau. Ces gestes symbolisent ce qui s’est passé spirituellement au moment de la nouvelle naissance.

L’immersion signifie que le croyant s’est identifié à Christ qui est mort (Ro 6:3-4a). Ainsi le converti voit tout son passé coupable englouti avec Jésus-Christ dans la mort et il est lavé de tout péché (Ac 22:161 Jn 1:7). De ce fait, aucune condamnation ne pèse plus sur le croyant (Ro 8:1).

La sortie de l’eau exprime le fait que le croyant connaît une nouvelle condition et une nouvelle vie en Jésus-Christ (cf. Jn 3:3-7): il est « une nouvelle création » (2 Co 5:17), il est ressuscité avec Christ pour vivre désormais une vie nouvelle (Ro 6:4), sans se conformer aux habitudes de ce monde (Ro 12:2Ro 6:11-13).

Ainsi, le baptême exprime de manière visuelle et concentrée ce que la Bible expose de façon doctrinale dans une série de développements répartis tout au long du Nouveau Testament.

Le baptême est accompli au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Mt 28:19), c’est-à-dire, non en vertu de l’autorité de celui qui baptise, mais en vertu de celle de Dieu. Le baptisé doit s’attacher à Dieu et non à un homme (cf. 1 Co 1:11-16).

La personne qui désire être baptisée doit être un disciple (Mt 28:19), c’est-à-dire quelqu’un qui croit en Jésus, Fils de Dieu, venu en chair, mort, ressuscité et unique Sauveur. Posséder la foi est une nécessité absolue pour recevoir le baptême (« Celui qui croira… », Mc 16:16; Ac 2:38-41; « Si tu crois de tout ton cœur… », Ac 8:37).

Les baptisés sont toujours des personnes qui ont adhéré personnellement à la foi (Ac 2:41; Ac 8:36-38; etc.). Cela implique que le baptisé a pris une décision personnelle et consciente de suivre Jésus-Christ.

Le baptême ne produit pas les réalités spirituelles qu’il illustre; c’est le Saint-Esprit qui opère l’œuvre dans le croyant au moment de sa conversion (Tit 3:4-7). C’est pourquoi « celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc 16:16).

Le baptême n’est pas indispensable au salut (cf. le cas du brigand en Lu 23:41-43); cependant, pour tous ceux qui sont capables de le recevoir, il est une manifestation d’obéissance au Seigneur qui a demandé d’observer « tout » ce qu’il a prescrit (Mt 28:19; cf. Ac 10:48), entre autres le baptême.

Le baptême a trois buts principaux:

a) Le baptême est un témoignage

Celui qui se fait baptiser confesse par son acte, aux yeux de tous, qu’il croit en Jésus-Christ. Il exprime de façon visible la décision intérieure qu’il a prise de suivre et de servir Jésus-Christ. Un tel témoignage est essentiel (cf. Mt 10:32, litt.: « quiconque se déclare devant les hommes – c’est-à-dire publiquement – pour moi… »; Ro 10:9). C’est pourquoi le baptisé est souvent invité à confesser sa foi oralement.

Ce témoignage est aussi éminemment utile au croyant lui-même: il représente dans sa vie un point de repère et une aide précieuse pour le jour où surviendrait le doute quant à la certitude de son salut (cf. Ga 3:26-271 Ti 6:12).

b) Le baptême symbolise des réalités spirituelles

Le baptême est une représentation par gestes des grands faits spirituels qui se sont accomplis dans le croyant au moment de sa nouvelle naissance. Il constitue, de ce fait, l’occasion d’une meilleure compréhension des réalités spirituelles. Il aide à saisir le processus de l’expérience spirituelle qui, sans cela, pourrait rester un peu théorique (voir point 2).

c) Le baptême est un engagement dans la voie de la sanctification

Si le baptême illustre les grandes vérités de la nouvelle naissance, il illustre également le principe de la sanctification: le croyant accepte d’être mort avec Christ au péché et au monde (Ro 6:2-6Col 2:11-122 Co 5:15) pour vivre à la ressemblance de Christ (Ga 3:27Ga 2:20Ga 4:19). Celui qui demande le baptême accepte de s’identifier au « petit troupeau » des croyants et s’engage dans la voie de la sanctification.

Lors de sa conversion, le croyant a immédiatement été régénéré et incorporé à l’Eglise par le « baptême du Saint-Esprit » (1 Co 12:13Tit 3:5; cf. Ep 1:13). Pour les premiers chrétiens, il y avait presque simultanéité entre le « baptême de l’Esprit » et le « baptême d’eau » (Ac 10:44-48Ac 8:35-38; Ac 16:14-15).

Chronologiquement, l’acte matériel (baptême d’eau) était étroitement lié à la réalité spirituelle (baptême de l’Esprit). Aujourd’hui, il y a parfois un décalage entre le moment de la conversion et celui du baptême d’eau. Cela tient essentiellement à deux facteurs: mise à l’épreuve de la foi du nouveau converti et acquisition de connaissances bibliques. Bien que ces précautions soient bonnes, elles ne doivent pas conduire à une attente démesurément longue jusqu’au baptême.

La plupart des textes du Nouveau Testament soulignent la nécessité absolue de la foi chez le baptisé. A partir de ce fait primordial, il est évident qu’un nouveau né, ou un petit enfant, ne peut être baptisé, puisqu’il est incapable d’une foi personnelle. Le baptême ne peut être administré qu’à des personnes qui en saisissent le sens et l’acceptent librement. Le baptême des petits enfants n’est, de leur part, ni une profession de foi personnelle, ni un témoignage.

Le Nouveau Testament ne présente aucun baptême d’enfant et aucun texte ne justifie cette pratique. Historiquement, il est impossible de démontrer la pratique de baptêmes d’enfants avant la fin du 2e ou du début du 3e siècle.

Ceux qui se faisaient baptiser par Jean-Baptiste démontraient par cet acte qu’ils étaient animés de sentiments de repentance concernant leur vie passée et qu’ils attendaient le Messie et se disposaient à le servir (Ac 19:4Mc 1:4-5Mt 3:2Mt 3:11).

Jésus se fit aussi baptiser par Jean-Baptiste (Mt 3:13-17). Son baptême ne signifiait pas sa repentance car il était sans péché, mais le Seigneur prit ainsi la position du pécheur repentant et s’identifia à lui (cf. 2 Co 5:21).