
II.1 Conditions spirituelles
Le meilleur interprète d’un livre, c’est son auteur. Puisque c’est « poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pi. 1.21), le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pi. 1.21), le Saint-Esprit peut aussi éclairer le sens de ce qu’ils ont écrit. L’illumination du Saint-Esprit est indispensable pour comprendre le sens de la Parole de Dieu. Autrement, elle ne nous dit rien, ou bien nous comprenons tout de travers.
Il ne faut cependant pas confondre cette illumination qui nous aide à comprendre les Ecritures avec la révélation dont les auteurs bibliques ont bénéficié. La révélation était parfaite, la Parole transcrite est infaillible, mais aucun homme ne peut prétendre à l’infaillibilité de son interprétation, si spirituel soit-il.
Cette illumination nous est donnée sous certains conditions :
1. Être né de nouveau
« Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir (ni comprendre) le royaume de Dieu » (Jn. 3.3). Et cette nouvelle naissance est une expérience existentielle qui change toute l’approche de la Bible.
« L’homme naturel (littéralement : psychique), c’est-à-dire qui n’a que ses facultés psychiques (intelligence, sentiment, volonté) ne reçoit (ne comprend) pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge » (1 Cor. 2.14). Le mot paraklétos, traduit généralement par Consolateur (Jn. 16), peut aussi se rendre par « interprète » : seul le Saint-Esprit nous rend capables d’interpréter correctement les textes qu’il a inspirés.
2. Être humble
Un croyant peut être empêché de comprendre par manque d’humilité. « Il enseigne aux humble son chemin » (Mat 11 :29). La douceur est le fruit de l’Esprit (Gal 5 :22). La pommade de l’humilité appliquée aux yeux n’aiderait-elle pas avoir plus clair ? Pourquoi rester aveugle, pensant n’avoir besoin de rien (Apoc 3 : 17-18) ?
3. Être obéissant
Celui qui est humble doit être soumis. L’abandon volontaire de chacun à Jésus doit être complet et constant. A ses côtés, attelé comme une bête de trait pour le dur labeur des champs, chacun reste attentif à l’écoute. « La crainte de l’Eternel est le comme de la sagesse » (Prov 1 : 7). « Si quelqu’un veut faire sa volonté, il reconnaîtra si cet enseignement vient de Dieu » (Jn 7 : 17).
Un refus d’obéir peut empêcher l’interprète de comprendre la Bible. L’attitude de cœur insoumis peut résulter du fait qu’on ne veut pas prendre le temps d’étudier, de recevoir Ses instructions.
4. Croire que la Bible est la Parole inspirée de Dieu
Certaines personnes sont nées de nouveau et n’ont pas cette foi en l’inspiration plénière de la Bible. Mais tant que le chrétien n’abordera pas la Parole avec cette totale confiance en son inspiration divine, le Saint-Esprit, « attristé » (Eph. 4.30) par cette attitude, ne pourra pas le faire bénéficier de toute son aide. On aborde un texte tout différemment si on pense qu’il s’agit des idées sur Dieu d’un Esdras, d’un Paul ou d’un compilateur anonyme, ou si l’on croit que c’est la révélation que le Saint-Esprit a donnée à un moment précis à un homme – avec les paroles et le mode d’expression liés à ce temps, mais néanmoins « inerrantes » c’est-à-dire exemptes d’erreurs. La Bible est le fondement de son autorité sur nous. Si elle est parole humaine, je peux me placer au-dessus d’elle, la juger, la critiquer, y opérer des sélections. Si elle est Parole divine, je me place sous son autorité.
La foi en l’inspiration plénière de la Bible nous permet de l’approcher avec humilité, soumission et confiance. Dieu ne dévoile sa Parole qu’à ceux qui sont prêts à lui obéir. « Si quelqu’un veut faire la volonté de mon Père, il connaîtra… » (Jn. 7.16-17; voir Jq. 1.22-25). La connaissance est fonction de notre désir d’accomplir la volonté de Dieu. Dieu seul peut nous dévoiler le sens réel et profond de sa Parole et l’unité vivante de sa Révélation en nous faisant découvrir des relations souvent inapparentes entre les différents textes.
5. Associer lecture de la Bible et prière
Lorsque les disciples ne comprenaient pas les paroles de Jésus, ils lui en demandaient l’explication (Mt. 13.36; Mc. 4.10) et il répondait à leur demande (Mc. 4.34; Lc. 24.45). Cet exemple « nous offre la règle fondamentale que nous devrions toujours observer dans ce travail : il faut prier et supplier. Nous ne devrions jamais entreprendre l’étude de la Bible sans avoir supplié auparavant le Maître de nous ouvrir l’intelligence et de nous expliquer Sa Parole ».
Paul priait : « Qu’il illumine les yeux de votre cœur. (Eph 1 :17-18) Jacques dit : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, et elle lui sera donnée » (Jacq 1:5,6). L’illumination du texte est différente de la prétendue lumière nouvelle révélation directe reçue du ciel. C’est le texte écrit que Dieu nous fera comprendre. Ce texte renferme tout ce qu’il faut savoir en matière de révélation de Dieu.
6. Être rempli du Saint-Esprit
« La Bible est venue à l’existence parce que l’Esprit a guidé ses auteurs ; par son illumination, des hommes sont parvenus à la vraie connaissance des Ecritures. Cet Esprit est aussi Celui qui ‘scelle’ la vérité salvatrice de l’Evangile dans le cœur du croyant. Par l’Esprit, les croyants sont assurés et convaincus que, dans l’Ecriture, la vérité salvatrice de Dieu parvient aux hommes – à eux-mêmes en particulier. L’Esprit nous ouvre l’Ecriture et nous ouvre pour L’Ecriture… Par l’Esprit, nous apprenons à écouter et, dans une certaine mesure, à voir Dieu dans l’Ecriture ».
Mais comment cette aide nous est-elle assurée ? Par une illumination directe ou par le biais d’études employant des moyens humains (histoire, archéologie, linguistique…) ?
Dieu a utilisé le langage des hommes pour leur communiquer sa pensée. Il a parlé d’une manière compréhensible « par les prophètes » puis « par le Fils » (Hbr. 1.1-2). Cette pensée est accessible encore aujourd’hui « aux hommes spirituels, nous par des révélations surnaturelles, mais par un travail consciencieux ».
« La méthode doit être branchée sur ‘Esprit et peut être utilisée ainsi par l’Esprit ». Une telle méthode « n’attendra pas l’action et la parole de l’Esprit au-delà du texte biblique, mais dans la Parole inspirée par l’Esprit ».
II.2 Conditions intellectuelles
1. Employer son intelligence
Jésus fait souvent appel au bon sens (Mc. 3.4; Lc. 10.36-37; 14.25-33); l’apôtre Paul aussi (1 Cor. 10.15; 11.13; 14.20; 1 Thess. 5.21).
L’intelligence est le propre de l’homme, elle est un don de Dieu. Cherchez dans une concordance tous les passages des Proverbes qui en parlent. Dieu nous l’a accordée pour que nous puissions nous comprendre les uns les autres, mais aussi pour que nous puissions saisir ce qu’il nous révèle dans sa Parole. Ni le sentiment ni l’intuition ne peuvent la remplacer. Nous gagnerons certainement à nous consacrer à un travail sérieux en vue de la compréhension du livre de Dieu.
2. Ne pas craindre l’effort
La compréhension des paraboles était réservée à ceux qui la cherchaient (Mt. 13). Luc loue les chrétiens de Bérée parce qu’ils s’étaient donné la peine de vérifier l’enseignement reçu dans l’Ecriture (Act. 17.11). Nous trouvons normal de consacrer des années d’efforts à la compréhension des mathématiques ou à l’apprentissage d’une technique professionnelle, et nous voudrions que la connaissance la plus importante de notre vie nous vienne toute seule ? Dieu peut-il prendre au sérieux notre désir de le connaître si nous rechignons devant le moindre effort pour comprendre son message ? Nous sommes habitués à accepter les opinions de « seconde main » que nous distillent les mass-média (radio, télé, presse…), mais pouvons-nous nous contenter de l’opinion des autres lorsqu’il s’agit de notre salut éternel ?
« Lorsque Jésus a dit ‘Sondez les Ecritures’ (Jn. 5.39), il a employé un terme qui décrit habituellement le dur travail du mineur, qui creuse et retourne la terre avec soin à la recherche du précieux métal, s’engageant ainsi dans un travail qui exige une grande patience » (Lund p.24).
3. Aller du simple au complexe
Si vous commencez par vouloir interpréter les visions de Zacharie ou de l’Apocalypse, vous serez vite découragé et vous risquez de jeter le manche après la cognée. Commencez donc par l’un des trois premiers évangiles : vous y trouverez déjà suffisamment d' »os » pour vous faire les dents. Passez ensuite aux Actes, à l’évangile de Jean, à la Genèse, etc… A la lumière de ce que vous auriez appris, vous lirez plus aisément les épîtres et les autres livres de l’A.T. L’essentiel est de « demeurer dans la Parole » de Dieu (Jn. 8.31), selon le conseil de l’apôtre Paul : « que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse » (Col. 3.16).
4. Garder l’esprit ouvert
Si nous ne lisons la Bible que pour y trouver la confirmation de ce que nous savons déjà, nous ferons peu de découvertes. L’intérêt de l’étude de la Parole de Dieu réside précisément dans le fait qu’elle peut nous « enseigner, nous convaincre et redresser » nos erreurs (2 Tim. 3.16). Certes, chacun de nous aborde sa lecture avec un arrière-plan doctrinal et ecclésiastique qui influence sa sélection des versets qui le frappent et lui parlent. Si nous voulons que l’étude de la Bible nous fasse progresser dans notre foi, nous devons être prêts à remettre en cause les idées avec lesquelles nous abordons le texte et à nous laisser enseigner par lui. Car, en abordant la Parole de Dieu, nous sommes obligés de mettre toutes nos présuppositions au second plan et de nous ouvrir à l’Esprit de Dieu, afin de voir, comme les chrétiens de Bérée, si ce qu’on nous a enseigné est exact (Act. 17.11), pour accueillir de nouvelles idées et laisser notre pensée être remodelée par la pensée de Dieu.
II.3 Conditions pratiques
1. Prendre note
Noter avec soin ce que l’on a observé et découvert dans l’étude de la Bible. La bonne analyse d’un texte biblique nécessite qu’on relève par écrit les réflexions qu’il inspire. Il est donc impossible d’étudier la Bible sans prendre de notes. C’est la différence entre la simple lecture de la Parole de Dieu et son étude. Lire la Bible, c’est parcourir une portion des Ecritures ; l’étudier implique que l’on prenne des notes.
Ce principe est valable dans l’étude de la Bible et dans de nombreux autres domaines de la vie chrétienne. Nous devons tenir un journal dans lequel nous inscrivions les pensées et éclairages que Dieu nous a accordés.
2. Avoir un agenda d’étude
Nous devons programmer le temps d’étude dans notre agenda. Il est important de mettre à part un moment spécifique, chaque semaine, pour l’étude de la Bible, en décidant par avance combien de temps nous voulons consacrer à cela. Nous devons de ce moment priorité malgré notre calendrier chargé.
Être capable d’avoir au moins un temps de recueillement de 10 à 30 minutes chaque jour pendant lesquelles nous lisons la Bible, méditions sur notre lecture et prions. Le but est d’entretenir notre communion avec Jésus-Christ.
3. Avoir les bons outils
Nous devons acquérir les outils appropriés pour l’interprétation de la Parole. A plusieurs méthodes sont associés des ouvrages de référence. Acheter de tels livres afin de vous constituer une bibliothèque personnelle est un investissement utile pour le restant de votre vie.