L’histoire de la Bible

Dieu a parlé à l’homme dès sa création (Gen 1:28) et, au cours des siècles, il s’est adressé directement à diverses personnes qu’il avait choisies. La valeur de ses paroles n’était pas limitée au seul moment où il les prononçait; c’est pourquoi il fallait les communiquer aux générations futures (cf. Deut 6:6-7; Mt 24:35). Il en était de même des actes de Dieu qui devaient aussi être gardés en mémoire (cf. Deut 4:9).

Cela conduisit à mettre par écrit dès que possible tout ce dont il fallait garder le souvenir ( Ex 17:14; cf. Jos 10:13; 1 Rois 11:41; 1 Rois 14:19,29; etc). Un texte écrit permettait de fixer définitivement ce qu’une tradition orale aurait pu déformer. C’est là une des raisons d’être de la Bible en tant que livre.

Pourtant la Bible se distingue de tout autre livre historique par un fait fondamental: son contenu a été déterminé par Dieu lui-même ( 2 Pi 1:20-21).

Dieu a également veillé à ce que sa Parole soit transmise intacte (cf Mt 5:18; Es 40:8).

1. L’écriture et les matériaux utilisés

Au Proche-Orient, les civilisations de l’Antiquité développèrent très tôt différentes écritures. Les premières furent en caractères pictographiques, hiéroglyphiques et cunéiformes. La découverte des caractères alphabétiques dont l’usage se généralisa vers 1500 avant J.-C. apporta une simplification considérable et rendit l’écriture accessible à un beaucoup plus grand nombre de personnes.

Plusieurs supports pour l’écriture ont été employés :

  • Les pierres et les briques ( Job 19:24; Ex 32:15-16; Deut 27:2-3),
  • Les papyrus d’origine végétale. Connus dès le deuxième millénaire avant J.-C., ils se présentaient sous forme de rouleaux ( Esd 6:2; Ps 40:8; Ez 2:9; Za 5:1) sur lesquels les textes étaient écrits en colonnes successives ( Jér 36:23).
  • Le parchemin ( 2 Ti 4:13), d’origine animale. Il fut mis au point au 2e siècle avant J-C: Ce matériel était bien plus durable que le papyrus.

Ainsi, lorsque Moïse commença la rédaction de ses écrits, il avait à sa disposition les papyrus et les caractères alphabétiques.

2. La rédaction de l’Ancien Testament

La première mention du livre de la révélation de Dieu se trouve en Ex 17:14 lorsque Dieu ordonna à Moïse d’ajouter au livre déjà existant le compte rendu de la bataille contre Amalek.

Il fut complété au fur et à mesure des évènements et des révélations ( Jos 24.26). Le livre de l’alliance ou livre de la Loi est souvent mentionné ( Ex 24:7; Dt 17:18; Dt 31:24-26; Jo 1:8; Né 8:1-3; Da 9:2)

Tous les écrits de l’AT furent terminés au 4ème siècle avant JC. La plupart d’entre eux avaient été assemblés au 5ème siècle, probablement par Esdras le scribe (cf Esd 7.6,12,21). Les 5 livres de Moïse furent admis comme canoniques aux environs de 444 avant notre ère; les livres des prophètes entre 300 et 200 et les « Saintes Ecritures » dès 165 avant JC. Dès lors le canon sacré (« règle à mesurer »: ce qui est droit) fut séparé de tous les textes non inspirés, notamment des livres dits apocryphes.

Au cours de l’histoire plusieurs classements sont apparus mais, dans tous les cas on retrouve les 3 sections auxquelles le Seigneur se réfère en Luc 24.44.

  • La Thora: la loi ou les cinq livres de Moïse: Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome (le Pentateuque)
  • Les N’biim: les prophètes: Josué, Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois, Esaïe, Jérémie, Ezéchiel et les douze prophètes mineurs.
  • Les Kethubim: les Psaumes et autres Ecritures: les Psaumes, Job, les Proverbes, Ruth, le Cantique des Cantiques, l’Ecclésiaste, les Lamentations de Jérémie, Esther, Daniel, Esdras, Néhémie, 1 et 2 Chroniques.

3. La transmission du texte biblique

Il était indispensable de recopier et de multiplier les exemplaires du texte sacré. Un très grand nombre de copistes effectuèrent cette tâche; en particulier les scribes de Jérusalem et les Samaritains, établis sur le Mont Garizim, qui eux se consacrèrent à la copie du Pentateuque.

Au 3e siècle avant J.-C., le roi d’Egypte Ptolémée II Philadelphe ordonna la traduction d’hébreu en grec de la littérature juive, sacrée et profane. L’Ancien Testament grec reçut le nom de « Version des Septante » (abrégé LXX). Celle-ci se répandit largement sur toutes les rives de la Méditerranée où, à cette époque, la langue grecque était prédominante. La diffusion de cette traduction prépara le monde à la venue de Jésus-Christ sur la terre (cf. Jn 12:20-21; Mt 2:1-2).

Les traducteurs de la Version des Septante réorganisèrent l’ordre des livres pour les classer par thèmes et de façon chronologique. C’est dans cette disposition que l’on trouve, les livres de l’Ancien Testament dans la plupart des éditions chrétiennes de la Bible.

1. La formation du Nouveau Testament

Les épîtres: Elles ont été écrites les premières pour répondre aux besoins des communautés ( 1 Co 1-3) ou des croyants individuels ( Phm 1:1-8), soit pour leur faire parvenir un enseignement ( 1 Tm 3:14-15; 1 Jn 5:13) et des exhortations, ( 2 Pi 3:1) soit pour répondre à leurs questions ( 1 Co 7:1).

Les Evangiles: leur rédaction devint nécessaire à la suite de la disparition des témoins oculaires de la vie de Jésus-Christ (cf. Luc 1:1-4; Act 10:39). Dieu a sélectionné les faits indispensables ( Jn 21:25; Jn 20:30).

Les Actes des apôtres: Luc, le médecin qui fut étroitement lié à l’activité des apôtres ( Act 16:10; Act 20:6; Act 21:17; Act 28:14), rédigea l’histoire du début de l’Eglise.( Act 1:1; cf. Luc 1:1-4).

L’Apocalypse: C’est Jean, prisonnier a Patmos, qui en reçut la révélation. ( Ap 1:1,9-11). Tous ces écrits ont été rédigés avec le secours de l’Esprit de Dieu et sous son contrôle ( Jn 14:26; Jn 16:13), non pour satisfaire la curiosité mais pour faire notre la foi en Christ ( Jn 20:31). Le Nouveau Testament, rédigé sur papyrus et parchemins (cf. 2 Ti 4:13), fut achevé avant la fin du premier siècle.

2. Le Canon sacré

Au cours des 2e et 3e siècles, sous l’influence des pères de l’Eglise (surtout Irénée, Tertullien, Origène et Cyprien), la liste des livres inspirés du Nouveau Testament fut fixée. Les textes apocryphes furent écartés et divers conciles de l’Eglise primitive confirmèrent le Canon sacré des 66 livres de la Bible (Laodicée en 360, Carthage en 397, Hippone en 419, etc.).

3. Les textes grecs des Ecritures

Dès après l’édit de Milan (313) mettant fin aux persécutions contre le christianisme, l’empereur romain Constantin ordonna la copie de 50 Bibles grecques complètes sous la direction d’Eusèbe, ex-prisonnier pour sa foi.

Dès le 5e siècle, l’empire d’Orient choisit Byzance comme capitale; c’est là que se concentrèrent les copies de la Bible grecque, d’où le nom de « textes byzantins ». Il existe aujourd’hui à peu près 200 manuscrits byzantins en écriture onciale (majuscules), écrits jusqu’en 800 environ, et près de 5000 manuscrits en lettres cursives (minuscules) rédigés entre le 9e et le 15e siècles. Les manuscrits de la Bible les plus complets et anciens qui aient été retrouvés sont:

  • le Codex Sinaïticus (4e siècle), découvert en sa totalité en 1859 au monastère Ste Catherine,
  • le Codex Vaticanus, écrit au 4e siècle, découvert au Vatican vers 1850,
  • le Codex Alexandrinus, datant du 5e siècle, découvert à Alexandrie en 1628 déjà.

    4. La traduction latine de Jérôme

    Jérôme fut chargé par Damase 1er, évêque de Rome, de réviser le Nouveau Testament en latin. Il se servit pour cela du texte original en grec. Puis il entreprit la révision de l’AT sur la base du texte original hébreu, ne se contentant pas de partir de la version grecque des Septante. Cela conduisit à une nouvelle version latine de la Bible, achevée en 405, que l’on nomma la Vulgate (« répandue généralement »). Dès le 9e siècle, cette traduction devint la version officielle de l’Eglise catholique romaine.

    Jérôme dut incorporer à sa version les textes non inspirés que contenait la version des Septante. Il les désigna par le nom de « livres apocryphes » et affirma qu’aucune doctrine ne devait être tirée de ces livres. Ces avertissements de Jérôme furent supprimés par l’Eglise catholique romaine au concile de Trente (1546 à 1563).

    5. Les textes hébreux de l’Ancien Testament

    Les textes de l’Ancien Testament en hébreu étaient conservés à Jérusalem et au Proche-Orient. Du 5e au 10e siècle, des docteurs juifs, les Massorètes, contrôlèrent et copièrent avec un soin extrême le texte sacré hébreu. Ils lui adjoignirent les « points voyelles » pour en fixer définitivement la prononciation.

    1. La Bible et l’imprimerie

    1456: Gutenberg sort, à Mayence, le premier livre imprimé: une Bible Vulgate.

    1474: Robert Estienne imprime le premier Nouveau Testament français à Lyon.

    1516: Nouveau Testament grec d’Erasme, établi sur des manuscrits trop récents il devra être amélioré pour devenir dès 1633 le « texte reçu », ou « texte des Elzévirs », base des traductions en langues courantes pendant près de trois siècles.

    1551: Robert Etienne divise le Nouveau Testament grec en versets.

    1553: Première édition de la bible française séparée en versets par Robert Etienne.

    2. La Bible en français

    Vers 1100, des moines traduisent les psaumes en français normand.

    Vers 1180 Pierre Valdo fait traduire certains livres de la Bible en provençal.

    Dès 1199, l’Eglise catholique romaine multiplie les interdictions de traduire la Bible Pourtant, aux 13e et 14e siècles apparaissent un grand nombre de traductions totales ou partielles, littérales ou paraphrasées, en prose ou en vers, en de nombreuses langues d’alors: langue d’oc, langue d’oïl, normand, picard, roman, lorrain, bourguignon, limousin…

    1528: Lefèvre d’Etaples, professeur à la Sorbonne, nous donne, à partir du latin, la première traduction complète de la Bible en français. Parmi ses élèves se trouvent Guillaume Farel et Jean Calvin.

    1535: Robert Olivétan, de Neuchâtel, suite à l’insistance des Vaudois du Piémont, réalise la première version française de toute la Bible basée directement sur les textes originaux. Cette traduction a été révisée successivement par Jean Calvin (1560), Théodore de Bèze (1588), David Martin (1707), Jean Osterwald (1724).

    1672: Isaac Lemaistre, prieur de l’Abbaye de Port-Royal, (malgré l’opposition de l’Eglise romaine) traduit le Nouveau Testament du grec (1666) et l’Ancien Testament du latin (1672). Il les édite sous le pseudonyme de Le Maistre de Sacy. De nombreuses autres versions « catholiques » avaient déjà vu le jour dès le milieu du 16e siècle.

    3. La Bible en allemand

    Figure marquante de cette période, Martin Luther, moine de l’ordre des Augustins, affiche le 31 Octobre 1517 ses 95 thèses concernant la repentance et les indulgences. Il est excommunié mais brûle la bulle papale. Il est aussi mis au ban de l’empire par Charles Quint en 1521. C’est là qu’il prononcera sa célèbre phrase: Ma conscience est prisonnière de la Parole de Dieu: je ne peux ni ne veux me rétracter.

    1534: Luther traduit la Bible à partir des textes originaux. Son travail relégua dans l’ombre toutes les traductions précédentes. (Il y avait 7 traductions avant 1477 et 17 avant 1520) La Bible de Luther devint la grande force de la Réformation; elle eut un rayonnement bien au-delà des frontières linguistiques. En Suisse alémanique, c’est Ulrich Zwingli qui fraye le chemin à la Parole de Dieu. Prêtre au Grossmünster de Zurich, il découvre, indépendamment de Luther, la doctrine du salut basée sur le Nouveau Testament. A partir de 1523, il prêche la Réforme et, comme Luther, la défend dans des disputes publiques où il affronte des représentants de Rome. Zurich devient l’un des centres de la Réformation.

    1531: Bible de Zwingli traduite à partir des textes originaux par un groupe de théologiens de l’entourage de Zwingli.

    4. La Bible en anglais

    En 735, Bède le Vénérable traduit l’év. de Jean à partir de la Vulgate, juste avant de mourir.

    1382: John Wycliffe traduit la Bible du latin. C’est la première Bible complète en anglais.

    1538: Version William Tyndale: Il s’exile à Worms pour éditer son NT (1525). Il traduit ensuite une grande partie de l’AT jusqu’à ce qu’il soit arrêté et condamné au bûcher. Sa traduction est basée sur les textes hébreux et grecs. Ses amis terminent son travail et l’AT sort de presse 2 ans après sa mort.

    1611: « Version autorisée du roi Jacques » dont la majeure partie est constituée par le texte de Tyndale. Cette Bible a été la plus répandue dans le monde.

    5. La Bible en italien

    1471: Parution des deux premières éditions imprimées de la Bible en italien.

    1564, le pape Pie IV interdit la lecture d’une version quelconque de la Parole de Dieu; de ce fait, la Bible ne sera plus éditée en Italie durant deux siècles.

    1607: Traduction de Giovanni Diodati. Cette version de la Bible est la première réalisée en italien à partir des textes originaux, elle est imprimée à Genève.

    1. Découverte des codex

    On appelle codex des manuscrits anciens sous forme de feuilles reliées en volume et non en rouleau. Les plus importants sont:

    • le Codex Alexandrinus du 5e siècle, donné en 1628 au roi d’Angleterre par le patriarche de Constantinople;
    • le Codex Vaticanus du 4e siècle, mis au jour vers 1850;
    • le Codex Sinaïticus du 4e siècle, examiné pour la première fois par Tischendorf en 1844 au monastère Ste Catherine dans le Sinaï.

    2. Les sociétés bibliques

    L’histoire de Mary Jones conduit à la fondation de la Société Biblique Britannique en 1804. Celle-ci sera la mère de toutes les sociétés bibliques. Leur but est d’imprimer la Parole de Dieu et de la diffuser largement à des conditions accessibles à tous. L’abondante diffusion des Ecritures qui s’ensuivit fut à la base de l’effort missionnaire du l9e siècle et des divers mouvements de réveil spirituel.

    3. Diffusion actuelle des Ecritures

    On estime qu’à l’heure actuelle (chiffres de 1985) 500 millions de portions de la Bible (dont 12 millions de Bibles complètes) sont répandues chaque année dans le monde. Des textes écrits de la Parole de Dieu existent dans plus de 1800 langues, parmi les 5500 qui sont parlées sur le globe. Des disques comportant des textes bibliques existent en 4200 langues.

    4. Traductions modernes les plus répandues

    Traductions Protestantes: (généralement sans commentaires)

    • Segond (1880, révisée en 1910, 1975 et 1978)
    • Darby (1885)
    • Synodale (1910)
    • Bible en français courant (1982)
    • NT « Bonne nouvelle aujourd’hui » (1971)

    Traductions Catholiques et œcuméniques: (avec les apocryphes et des commentaires)

    • Crampon (1904)
    • Liénard (1950)
    • Maredsous (1952)
    • Jérusalem (1955) 33 collaborateurs de l’Ecole biblique catholique de Jérusalem
    • Osty (1961)
    • Œcuménique: Traduction œcuménique de la Bible, ou TOB (1975) 113 collaborateurs

    Traductions Israélites:

    • Zadoc Kahn (1899) Ancien Testament
    • Chouraki (1977) Bible complète

    Le traducteur se trouve constamment confronté à deux possibilités:

    • la précision formelle (correspondance des mots et des structures grammaticales)
    • la précision du contenu (« équivalence dynamique »: le sens doit être exprimé le mieux possible dans la langue de traduction)

    Bien que cherchant toujours un moyen terme entre ces deux extrêmes les traducteurs imprimeront à leur traduction une tendance plus ou moins marquée: La traduction Darby est un exemple du premier principe, la traduction en français courant est un exemple du second.

    5. Preuves externes confirmant la Bible

    Au cours des 18 et 19ème siècles apparaît la critique biblique. Les Ecritures sont contestées. Mais dès le 19ème siècle Dieu permet que se multiplient les confirmations de l’exactitude du texte:

    • Preuves archéologiques
    • Découvertes de vieux manuscrits
    • Réalisation des prophéties bibliques